Le chant de la Terre XVI pour Laurence Délis

J’ y ai vu

la femme, cette vie qui donne
aux bordures
le sucre des astres
qui vient ce soir adoucir l’ orage de notre planète
eau de sa lune
lumières volcaniques ionisées de tendresse
au profond

j’ ai joué étant enfant
à faire des ricochets et cet oeil bleu d’ une délivrance
du cycle des marées
des continents qui se séparent quand deux coeurs
s’ embrassent de l’ une à l’ autre rive
une dernière fois
ces deux galets de même lave
fracas sismique dans une famille

choisissant
par l’ accomplissement des destinées
des galaxies différentes

il y a alors
le
mais alors…?

cet accord entre l’ est et le fut
et ainsi naissent les ramifications
de l’ humanité toute entière

la nouvelle fleur fait un tabac dans les échoppes de souvenirs
des terres d’ où l’ on ne veut plus partir
rendus siamois, outils et émotions

font la loi des gravités perdues
juste une goutte de temps
pour dire à l’ autre

qu’ on l’ aime.

Les Arbres de Laurence Délis

Je vous reconnais là
ma sororité accomplie
moi mère-lune

et la tradition qu’ ont les couleurs de laisser dormir
un peu
les étoiles feuillues d’ un automne frais d’ un parfum de livres neufs

dans le néant de l’ aisance intellectuelle
que j’ incarne
blanche de l’ équerre
que semble prendre l’ équateur des couleurs

sachez mes filles châtaignes endormies et chaudes d’ un Noël qui arrivera
pour ce cadeau qu’ est la vie
que je ne laisserai personne frapper
à vos tympans frissonnants de leur jeunesse ponctuelle

je resterai muette mais forte et diligente
pour vous accompagner dans le travail
qu’ au sommet d’ un matin miaulera

la dernière tendresse d’ une mère satellite
à ses filles de bois bien vivantes

au Soleil

et jusqu’ à la nuit suivante

et comme les notes de piano viendront
pleurer à ma gorge
j’ en subtiliserai le tourment
pour m’ en faire un sarcophage
de l’ amour qui s’ éteint
un peu moins dans la nuit
que le jeteur de sort

à qui je lance
mon Dieu que rien de cette beauté ne puisse être la mort !

La danse des arbres II de Laurence Délis

Laurence Délis

Tu me prends par la main caresses de racines
Attestation des reins pointe de colombine
Je désire un tracé qui par le Soleil mime
L’ ombrage dédicace élévation ultime

Les feuillages élancés frappent la goutte d’ eau
Attrapée en plein vol repères cardinaux
Le branchage ossature et ce sentiment d’ if
La poussée vers le ciel ce courage olfactif

Et je me laisse aimer par les tendres années
Aux limites des sources abreuvant canopées
Jungles de sortilèges et mélodieux arpèges

Le bois qu’ on s’ autorise à parler de musique
Un violon de luthier qu’ il est bien plus pratique
D’ embrasser le cortège à la chaleur du beige

L’ arbre XXVI De Laurence Délis

Laurence Délis

Ils avaient annoncé la beauté de tes traits
Sur le tapis de seigle étaient mis à l’ arrêt
Les pinceaux étrangers roulant d’ éternité
Sur cet ivre étrier où racines prenaient

Alors les feuilles en cuivre allèrent voir ailleurs
Se faire le décor d’ un esprit d’ une flamme
La note de tendresse étirée par la femme
Qui jalonnait la toile épicéas d’ hier

Cette touche orangée fine photosynthèse
Pour un homme-arbre-feu les nervures de glaise
Portant le doux fardeau d’ un tronc fort et latin

On trouverait ici les traces de ma sève
Accrochée à tes branches pour qu’ entaille le rêve
Qui ira dans mon coeur au profond des embruns.

Merci Laurence

Le chant de la Terre De Laurence Délis

Laurence Délis

J’ ai exacerbé les chansons
de ton âme mûre
et le silence dévoré
par la couleur d’ un temps
que seul Lui parachève
d’ un littoral
presque parfait

il y manquait ton sable
et à l’ horizon la défaite
de la tristesse vaincue
et dévolue en énergie

faite pour les sanguins
d’ une ville ou d’ une autre
peu importe tant qu’ on y retrouve
cette musique qui laisse parler les coeurs

et la furie d’ émotions lâchée aux trousses du destin

comme un dernier pinceau
au creux des poumons
là… juste là… là où ça tape…

On braque souvent le fusil vers les étoiles
mais les anges peignent -et depuis des millénaires
l’ Apocalypse des sens
dont l’ artiste sent, entend et fait parler la toile

parsemée de tendresse.

Merci Laurence

Le chant de l’ eau De Laurence Délis

Laurence Délis

Dans mon coeur lumineux j’ étends des doigts de sel
A l’ intérieur je presse un ventricule d’ algues
Poumon hypersensible et alors je dialogue
Avec une historienne aux teintes de corail

Elle m’ apprend qu’ au profond les galets jouent ensemble
Comme de vieux amis des comparses d’ abysse
Rayonnant de justesse aquatiques délices
Respirant l’ opaline oui moi pirate instable

Et le beau se surpasse aux limites des pores
Des étoiles de mer des requins des remords
Que l’ on a de ne pas oser quitter le bord

On se lance à l’ amour picotis plein les yeux
Le sable nous fait vivre et respirer au mieux
Des rêves d’ océans que l’ on ne fait qu’ à deux.

Merci Laurence