La cellule rouge I

Ma petite vie
dans le sang
tu es si belle

Darwin

les occupations des meilleurs bandits
qui se désaltèrent
vampires

et c’ est le don des femmes
créer la cellule
et les comportements d’ attaques saisonnières

s’ il avait plus de couleurs
peut-être que l’ Homme serait meilleur
je comprends
l’ argent la liberté et les bourgeons qui naissent

je vais t’ éclater et te rendre comme un muguet mort
les folies des marsouins te stupéfieraient
et même

je t’ emmènerais au parc zoologique

parce qu’ on tue pas tout pour le tuer
les fourgons
et les enfants qui se laissent perdre

il y a là-bas des êtres à écouter
quelques grognements
quelques pets
et ça s’ arrête là

la fusion de la nature avec l’ humanité sera peut-être séculaire
mais c’ est une aumône
à laquelle je veux bien donner

putain
plus manger de viande le vendredi
et griller le beurre au bûcher
la blessure d’ une prostituée

n’ en a plus rien à foutre

car elle ne doute plus de la souffrance épicentre d’ un carnage intra-cardiaque et d’ une future implosion d’ une violente poussée de tendresse dévastatrice

le noyau de la Terre n’ était pas prêt pour l’ Humanité

L’ homme bec V

J’ ai tellement à te dire
à t’ en épingler un timbre olfactif
dans l’ oeil
pour que tu sentes
que je t’ aime

comme la contrée des frapadingues
j’ irai plages et jambes liées
pour sauver un peu de ton intimité
comme si un vaccin de merde
pouvait te laminer un jambon
ces tranches de vie
qui te parleront encore

au saut du lit j’ empoigne mon gun
pour aller m’ entrainer
sur des bouteilles d’ alcool régurgitées
par la bête
que je suis devenu

reviens

et fous le bordel là où c’ est trop calme

Le chant de la Terre XVI pour Laurence Délis

J’ y ai vu

la femme, cette vie qui donne
aux bordures
le sucre des astres
qui vient ce soir adoucir l’ orage de notre planète
eau de sa lune
lumières volcaniques ionisées de tendresse
au profond

j’ ai joué étant enfant
à faire des ricochets et cet oeil bleu d’ une délivrance
du cycle des marées
des continents qui se séparent quand deux coeurs
s’ embrassent de l’ une à l’ autre rive
une dernière fois
ces deux galets de même lave
fracas sismique dans une famille

choisissant
par l’ accomplissement des destinées
des galaxies différentes

il y a alors
le
mais alors…?

cet accord entre l’ est et le fut
et ainsi naissent les ramifications
de l’ humanité toute entière

la nouvelle fleur fait un tabac dans les échoppes de souvenirs
des terres d’ où l’ on ne veut plus partir
rendus siamois, outils et émotions

font la loi des gravités perdues
juste une goutte de temps
pour dire à l’ autre

qu’ on l’ aime.

L’ homme au bec III

L’ aube une aubaine
pour les mecs à becs
laisser trainer le futur
comme au trac du passé

ça dégomme le gosier
quand ça passe par là
le Nobel des abrutis
oh putain je suis nommé

et quelle oeuvre mérite
que je lui crache dessus
comme on cautérise
les maux de la tête

c’ est vrai la tête et ses épaules
bâties dans une jeunesse sabrée
festivals de petites tenues
et ensemble le désert fleurit

dans une cave d’ hydroponie
maitrisée par un alcool dévastateur
qui laisse de moi la lueur
d’ une allumette bleue

de ce voyage entre les rives
et parfumé de muguet
douze mois sur douze

L’ homme au bec II

Les membres des côtes
s’ approprient le terrain
dans un sud qui pète l’ endocrinologue
on en a fini
et les tulipes
je nique vos mères
de cracher sur les orphelines
celles de deux trois cas
et celles qui bouffent du sel
pour vivre dans les soleils
des visages gonflés
comme tu gonfles l’ égo

ordure

de propagandes qui prennent pour moi
des positions de pourcentages
alors que pas une fois
pas un rêve
l’ on ma demandé la couleur de mon anus

je te le dis la journaliste te déteste pour balancer
des tas de merde sur ton pauvre pays riche
et la gueule ouverte
en parlant l’ allemand Kronenbourg
déteste les petites frappes

lève le coude et dis toi soudé
à un arbre généalogique frustré
et généreux en profils douteux

je gratte les champs
à la recherche de la première capsule
celle qui cache
l’ air fringant
des bouseux calligraphes
qui comptent mieux les jours sacrés

dans un hymne
la Marseillaise se courbe
et donne à boire la grenadine
à Marianne

fracas et apparitions horribles
prennent alors le dessous
comme la soute des voyages merveilleux
de Gulliver

mon idole quand je croyais encore au caviar

La blessure V

J’ ai la trêve de vie
sur ce soleil brûlant
et les églises bastonnent
pauvres esprits
tous logés dans ma glotte

ça ira cinquante ans et les renards qui traquent
ma peau mes grains de beauté
l’ essentiel de tes mains
qui caracolent dans le froid qui cautérise

ce que toi tu m’ es chère
un geste vers ton ventre
où salivent les microbes

on voit le dernier monstre ébahi qu’ on l’ ait rejoint
parfumé toujours
en cadence d’ un train qui déraille
sur le fer blanchi
par la douleur

je me sens en toi
plus près des cieux
et d’ un record de vol d’ âme

je revois la pénitence des onomatopées
ma gorge saute
éclate
et t’ envie
de maladresse en maladresse

tu me captives
des années après le premier baiser
et des siècles

avant ta saloperie de mort

La blessure IV

dans la pourriture des entrailles du barman
je cherche cet engrais qui gave

mes doutes
ton angoisse
de me voir

au milieu des étoiles
presque plus rien
que ton regard vert

les orages sur Jupiter ne me font que rougir
de plaisir
d’ une Terre malmenée

fruits
roches
ruches

tout éclate comme l’ hymen d’ une pute vierge
et ce sang que tu démontes de mon appareil
cette valve bouffie de grillades

là est bien l’ enfer de ma dignité
Ô comme ma vie je t’ aime
de me donner chaque jour

une seconde chance !

La blessure III

Tu as pris le chat pour toi
tu erres avec lui le long de ma colonne
c’ est l’ automatisme

d’ un dimanche soir
préparer la dope et le piano
dans un creux

que tu domines, ma pute
je te ressens dans la rue siphonnée
les éclairs n’ ont jamais fait aussi mal aux nuages

tu transperces cette carapace malaisante
et les rouges des sangs flairés
par ta touche

les fleurs défont l’ opinion que tu as de moi
comme
si j’ en avais rien à foutre

et pourtant je te calcule comme pas possible
truc de jeune

je suis sur que tu vas mourir ce soir
Satan a les jambes frêles
et sa putain de sale gueule ouverte

ma muse est blanche le sirop
le whisky est noir mais pas trop

sinon ça craint de se balader seul dans Kingston
sans jus sans joint
les trucs qu’ on voit dans l’ outre-loin

La blessure II

C’ est la veine qui te le dira
à passer dans les bars
les douleurs de chair ont vite fait
de te dire que ce qu’ il y a dans les cerveaux
n’ importe plus
aux guerriers

et pourtant
la poutrelle où s’ enchâsse
le dieu d’ un Homme
rempli de haine

n’ aura lieu de se faire acheter que par les saints eux qui me font
les regrets de ce que je souris
au Diable merdique qui
sans cesse
copie

mes faits et gestes et calque peu à peu
son emprise énergétique dans le coin
saturé et dégoulinant de sueur

sur la trace d’ un centenaire maniaque de propreté des sangs
que je te dois
au milieu
de ta pute de mort.

La blessure I

Je t’ emporterai dans la tombe
avec tout ce que j’ aurai renié
et la cloche de la cantine

explosera avec à l’ intérieur
un fût de bière ruby

c’ est ça qui me tient encore vivant
sur les bras que tu me déguises
lâches et sournois

les autres piaillent
et mes oreilles
sont mortes

à force de susurrer des saloperies
dans le catalyseur que sont mes prières
Dieu, tu le crois cet intérieur qui frémit pour toi

ces jambes brisées par l’ effort qui revient de mes vingt ans commencent
à peine
à courir

et sûre de toi tu t’ approches
dans des conditions optimales
de la blessure qui est aussi la tienne

cet amour
ce tatouage cardiaque.